Restaurant La Table du Tribeca à Gerpinnes

Restaurant La table du Tribeca à Gerpinnes.

Ne dites plus Tribeca mais la Table du Tribeca. Le restaurant de Madame Fauville est en effet passé dans le giron de l’homme d’affaires Laurent Wagner qui, pour l’occasion, s’est associé au chef étoilé Pierre Résimont. Un investissement de plus pour Laurent Wagner et un comptoir de l’Eau Vive bis pour Pierre Résimont serait-on tenté de penser ? Oui et non. Quand on sait que Charles, le fils de Laurent Wagner, officie en salle, on se doute qu’il y a dans la table du Tribeca plus qu’un simple investissement financier. Et quand on sent que Charles prend du plaisir dans ce qu’il fait, on en est certain.

La salle

La Table du Tribeca est divisée en plusieurs zones. On retrouve, comme avant, la grande salle avec, au fond, la très belle table conviviale pour six personnes (donnant sur le jardin).

Mais, nouveauté de la Table du Tribeca, deux salles privatives ont été créées autour de la belle cave à vin vitrée et climatisée. Ces deux salles semblent d’ailleurs très prisées des gourmets recherchant plus d’intimité : la présentatrice télé Emilie Dupuis était présente dans l’une d’elles et il me semble que Mehdi Bayat se trouvait dans l’autre.

Le service en salle à La Table du Tribeca

Un restaurant est un tout et la Table du Tribeca ne serait pas ce qu’elle est sans Dimitri De Bodt (dont les fins gastronomes se rappelleront qu’il a officié dix-huit ans au Vin Rue des Ecoles et au Square Sud).
Les hôtels les plus luxueux du monde ont mis en place des systèmes informatiques pour enregistrer les préférences de leurs clients. L’objectif étant clair : personnaliser chacun de leurs futurs séjours. A La Table du Tribeca, nul besoin de système informatique puisque la mémoire vivante de Dimitri De Bodt est là. Dimitri se souvient du nom des personnes, de ce qu’elles aiment et de leur dernier repas. Il a, en plus, toujours un mot gentil pour ses « ouailles » comme il aime dire.
On compte de moins en moins de restaurants qui proposent encore un vrai travail en salle. La Table du Tribeca, même si on sent qu’elle n’égalera pas l’ex Tribeca sur ce sujet, continue cette tradition puisque Dimitri s’occupe encore de quelques spécialités dont son remarquable filet américain (fait minute et sur base des préférences personnelles de chaque gourmet).

Le style culinaire

Pierre Résimont étant présent en arrière-plan, on aurait pu penser que le restaurant La Table du Tribeca se tournerait vers une cuisine hautement gastronomique et viserait les étoiles (comme à l’Eau Vive). Mais ce n’est pas le cas et La Table du Tribeca se veut plutôt bistronomique.

Au final, c’est tant mieux pour la diversité car, en Belgique, l’offre de restaurants gastronomiques (étoilés) est déjà plus qu’ abondante et d’autres choix, surtout du niveau de La Table du Tribeca, permettent aux gourmands de diversifier leurs expériences.

A La Table du Tribeca, on se régalera donc d’un américain, de boulettes sauce tomate, de solettes….ou encore d’un suprême de volaille façon vol au vent. Le tout servi, en outre, à des prix raisonnables.

C’est, avec le recul qui est le mien, le style culinaire qui me séduit car il fait la part belle à un ou deux produits (de top qualité) plutôt qu’aux textures, associations multiples et présentations visuelles complexes. Je suis encore plus séduit, voir enthousiasmé, quand c’est un grand chef comme Pierre Résimont qui est à la manoeuvre, donnant par là ses lettres de noblesse à la bistronomie (tout comme, d’ailleurs, il l’avait fait au comptoir de l’eau vive).

Tout le monde a probablement déjà vu ces émissions à la télévision où l’on suit des personnes aisées vivant la vie de palace dans les plus beaux hôtels et les plus grands restaurants du monde. On s’imagine tous, à leur place, les plats et les vins merveilleux qu’on commanderait. Mais, quand arrive leur assiette, on est surpris : un simple turbot avec une petite sauce et quelques légumes vapeur ? Quelques langoustines (de Guilvinec bien entendu) simplement grillées servies avec son beurre blanc à part ? En fait, quand la lassitude prend le dessus, on en revient à l’essentiel. Je n’étais donc pas surpris, sur le parking, par la multitude de Porsche et autres belles voitures. La Table du Tribeca et sa bistronomie ne proposent pas une cuisine simple dans le sens basique. C’est plutôt une cuisine simple dans le sens où c’est le genre de cuisine vers laquelle on revient quand on a fait le tour du reste : produit, simplicité et bonne exécution technique.

La carte des vins

Du temps du Tribeca, la carte des vins était problématique. Je suis ravi d’écrire la phrase au passé. Car, à La Table du Tribeca, une vraie belle carte a été développée. Riche de beaux noms, elle séduit par sa diversité et sa construction excessivement bien pensée. On sent qu’il y a eu, là derrière, le travail d’une bonne sommelière (je soupçonne en effet Anouck Fransolet d’en être l’auteur).

Les prix sont corrects : ni bon marchés ni exagérés. On tourne autour du classique X3 – X4 par rapport au prix d’achat.

Il y a des vins à tous les prix. Pour les amateurs de Bourgogne blanc, je conseillerais de se diriger vers Arbois et de goûter les savagnins ouillés du domaine Désiré Petit. C’est très bien fait et, à l’aveugle, il n’est pas aisé de les distinguer des bons chardonnays de la côte de Beaune. Il n’y a guère que leur finale, un peu plus crayeuse et minérale, qui pourrait les trahir (en particulier quand ils se réchauffent un peu).

J’avais tout d’abord opté pour la cuvée L’Essenciel (38 euros). C’était un vin tout en fraîcheur et en vivacité, ce qui est souvent parfait pour débuter un repas. Dimitri De Bodt m’a ensuite suggéré de me diriger vers la cuvée S côte de Caillot, plus riche et plus dense. Et ce fût un excellent conseil car cette cuvée se marie très bien, mieux même, avec les plats bistronomiques et riches de la Table du Tribeca.

Le repas à la Table du Tribeca

Le repas a débuté en force avec, au milieu de la table, de délicieuses mises en bouche à partager :
– Babaganouche Pain Pita
– Rolls Homard Mayo Vadouvan et Thon Shichimi Furikake
C’est précis et percutant, notamment de par l’assaisonnement bien marqué.

En première entrée, ce fût une soupe de cèpes, oeuf mollet, foie gras et brioche toastée. Ce fût la seule déception de la soirée. L’œuf est parfaitement mollet mais froid. La soupe a un bon goût de champignons mais on a du mal à retrouver la finesse du cèpe (un des mes trois champignons préférés) et on est plutôt submergé par l’impression que d’autres champignons ont été ajoutés.

En deuxième entrée, La Table du Tribeca a servi un plat remarquable d’équilibre : foie gras poêlé, pain d’épices, sauce betterave et cassis. Il paraît que c’est un grand classique de Pierre Résimont et je comprends pourquoi. C’est quelque chose de parfait dans son genre, mélangeant à merveille le sucré, l’acidité et le gras. C’est la preuve que Dimitri De Bodt me connaissait bien quand il m’a suggéré cette assiette !

En plat principal, un suprême de volaille façon vol au vent, ris de veau et frites. C’est un plat excellent, à nouveau, et parfaitement exécuté. Mention spéciale pour les délicieuses frites d’un niveau qu’on ne retrouve quasiment plus nulle part et pour le ris de veau parfaitement croustillant.

En dessert, l’incontournable crêpes « Comédie française ». il n’y a qu’un seul mot : gourmandise !

En conclusion

La Table du Tribeca figure parmi les meilleurs restaurants de Charleroi (au sens large) et sans doute le meilleur dans le domaine de la bistronomie / brasserie. Il reste donc un de mes points de chute préférés dans la région, pour la cuisine, pour la carte des vins et surtout pour l’accueil chaleureux de Charles Wagner et de Dimitri De Bodt.