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Bistrot 1954 par le chef Nolwenn Corre à Plougonvelin (Finistère – France)

Le Bistrot 1954

Je n’aime pas les histoires dans le style « tripadvisor ». On sent que quelque chose se passe mal au début, parfois un détail et puis plus rien ne va. Je cherche donc toujours à faire la part des choses et à me concentrer sur tous les aspects, positifs ou négatifs. Toutefois, parfois, il faut chercher longtemps pour trouver du négatif….ou du positif.

Quand un client demande, à la réservation, s’il peut avoir une table avec vue sur mer, il est toujours bon de prendre en compte sa demande. La question n’est pas d’accepter systématiquement (car, non, le client n’est pas roi). Mais, à tout le moins, il convient de lui expliquer qu’on se souvient de sa demande mais, le cas échéant, qu’on ne peut la satisfaire. Je n’ai donc pas eu une table avec vue sur mer alors que nous étions, à 19h, les seconds à entrer. Mais, il est vrai, je ne l’ai pas rappelé et que j’aurais pu le faire. C’est donc sciemment que j’ai accepté la table proposée car, in fine, elle me convenait très bien. 

Les vins au Bistrot 1954

La carte des vins du Bistrot 1954 n’est pas très étoffée mais elle n’est pas trop chère et plutôt équilibrée.

J’ai choisi de commencer le repas avec le Muscadet du domaine Landron Chartier.

Le serveur me l’a bien présenté et bien préparé selon les règles. J’étais assez étonné, positivement car le service du vin est souvent en dessous de tout (comme, par exemple, ceux qui jettent la capsule dans le seau à glace alors qu’un seau à glace n’est pas une poubelle). Le serveur m’a ensuite fait goûter le vin. Au nez, j’y percevais des arômes de réduction prononcés, trace classique de la déviance des vins natures. Je demande donc au serveur si c’est un vin nature. Il ne savait pas ce qu’était un vin nature. Je lui dis donc un vin « bio » (pour faire simple) et il me répond « non non ».

Le serveur du Bistrot 1954 me demande si le vin me convient et je réponds oui. C’était, certes, des arômes que je n’aime pas et je pense que j’aurais sans doute pu changer de vin. Quand je décèle le goût de bouchon ou une oxydation excessive, je n’ai pas de soucis à refuser la bouteille. Quand on parle d’arômes de vin nature « déviant », je trouve que c’est plus délicat à refuser car c’est plus personnel et ce que certains appellent déviance de vin nature peut plaire à d’autres. C’est pour cela que j’évite toujours les vins natures au restaurant. Mais, surprise, une fois le vin déposé à table, je vois l’étiquette AB au dos de la bouteille. Il s’agissait donc bien d’un vin bio, trop réduit, ce que le serveur aurait quand même du savoir. Et, si cela avait été mentionné sur la carte, je ne l’aurais certainement pas pris. Mais la carte des vins avait omis, pour cette bouteille, de le préciser. Je pense qu’il est important qu’un sommelier, ou celui qui fait le service du vin, connaisse sa carte, la rédige de manière concise et, surtout, soit de bon conseil quand il propose un vin nature. Il y a des réserves d’usage à expliquer au client. Le deuxième vin, le domaine de Cauhapé blanc était par contre un très bon rapport qualité prix que la table a apprécié.

Le menu

Travailler une carte de cuisine courte, c’est presque devenu systématique dans les restaurants dignes d’intérêt. Aucun gourmand n’y trouvera à redire car tous les gourmands aiment la fraîcheur et les cuissons minute. Mais il convient toutefois que les choix soient pertinents et disponibles. Manger des huîtres ou du foie gras, c’est quelque chose que beaucoup font chez eux. Au restaurant, comme au Bistrot 1954, on cherche plutôt autre chose. Certes vous me direz que le menu est disponible sur le site web du Bistrot 1954. En effet, il l’était mais il n’était pas à jour (ce qui a été ensuite corrigé par le restaurant). Sur place, exit donc le baba au rhum (un de mes desserts préférés et celui que je souhaitais prendre) et exit aussi les couteaux gratinés (la seule entrée qui me convenait). Un samedi soir en début de service, exit aussi le foie gras dont il ne restait plus qu’une seule assiette (quand la table en avait commandé deux). Par chance, le serveur (très aimable) me dit qu’il est possible d’avoir les couteaux gratinés (qui ne figurent pas à la carte), ce qui me réjouissait.

Les couteaux, le sable et comment Bistrot 1954 le gère

Le problème des couteaux, c’est qu’il faut bien les cuisiner et que cela nécessite une cuisson précise et un bon nettoyage.

Sinon, on se retrouve avec du caoutchouc au sable en bouche. C’est ce qui est arrivé au point que j’ai eu à me lever pour aller cracher aux toilettes. Il m’a ensuite fallu quelques verres d’eau pour éliminer le sable. En cas de souci, il faut le signaler car l’erreur est humaine. Le serveur a dès lors repris l’assiette et, dix minutes plus tard, en a ramené une autre. Le problème, c’est que c’était toujours rempli de sable (et pas juste quelques grains, ce qui aurait été désagréable mais acceptable) et à nouveau trop cuit. J’ignore comment interpréter cela. Est-ce qu’on voulait se moquer de moi ? Ou bien est-ce qu’on se fiche que ce soit mal exécuté ? C’est clair que je n’avais pas trop compris comment, en plein coup de feu, l’équipe cuisine pourrait trouver le temps de nettoyer les couteaux pour faire une seconde assiette. mais, visiblement, elle n’a même pas cherché à le faire. La seconde assiette est donc repartie en cuisine et je n’ai donc pas mangé d’entrée. Comme dit le dicton « errare humanum est perseverare diabolicum ». Au passage, à titre anecdotique, on remarquera la différente entre l’assiette service (voir photo ci-dessus) et la version « publicitaire » du site web du Bistrot 1954 (voir capture d’écran du site internet du Bistrot 1954). On est presque dans le jeu des 7 erreurs.

 

Les quantités des plats du Bistrot 1954

 

Le plat, du lieu jaune, était très bon. C’était une belle cuisson, très précise (ni trop, ni trop peu) et la sauce était très équilibrée. C’est juste dommage de le servir dans une assiette tiède (ce qui le rend très vite tiède, lui aussi). Et c’est juste dommage que la quantité de féculent soit si réduite. Des féculents, cela ne coûte rien dans le prix final. Quand on mange un menu, à fortiori à plusieurs services, on sait que les rations sont plus restreintes car le nombre de plats est là. Mais, quand on mange à la carte, on souhaite une quantité suffisante pour ne plus avoir faim. C’est le principe de manger à la carte une entrée, un plat et un dessert. D’ailleurs, beaucoup de restaurants adaptent les portions. Un plat servi dans un menu sera en quantité plus restreinte qu’un plat commandé à la carte. Heureusement que mes enfants avaient commandé la pièce de boeuf et qu’ils avaient trop de pommes de terres (même si, on est loin d’un accord au top avec le lieu jaune).

Mes enfants ont donc mangé la pièce de boeuf. Je ne l’ai pas goûtée mais ils ont beaucoup aimé, surtout le jus dont ils se sont régalés jusqu’à la dernière goutte.

Les desserts

Je pensais prendre en dessert le baba au rhum. Il n’était plus à la carte du Bistrot 1954 (enfin à la carte physique du restaurant car il était encore sur le menu internet). Mais, au vu de ce qui avait précédé, j’ai préféré arrêter l’hémorragie et faire l’impasse.

 

L’addition

Au moment de payer, je me demandais si l’assiette de couteaux figurerait sur l’addition. Je n’en aurais pas fait une histoire car, au point où cela en était, ce n’est pas 14€ qui changerait quoi que ce soit. L’assiette n’avait pas été comptée (ce dont je les remercie). Le serveur me demande si j’ai bien mangé et, sans entrer dans tous les détails, je lui réponds que non et je cite les soucis sur les couteaux. Je signale aussi que le service de salle n’y est pour rien puisque c’est l’équipe cuisine qui fait les plats. L’histoire s’arrête là. Je n’aime pas les gens pour qui tout est correct sur place et puis qui se défoulent ensuite sur les réseaux sociaux, facebook, tripadvisor…voir même écrivent aux guides gastronomiques. Je tente donc toujours d’être honnête dans mes réponses et ouvert au dialogue.

L’ironie du sort est que, le lendemain midi, nous sommes allés bruncher à quelques kilomètres à l’hôtel Saint-Barbe. Pour une addition similaire, à 5 euros près, on s’est régalés avec des buffets de qualité (comprenant huîtres, langoustines,…), des amuses-bouches très bien exécutés et des cocktails de qualité.

Conclusions

J’ai envoyé un email le lendemain au Bistrot 1954, pour lui faire part de ma déception. Une semaine plus tard, je n’avais pas de réponse (mais le menu sur le site web avait été mis à jour). Je pense que c’est très révélateur.

J’écris tout cela mais, au fond, c’est aussi la sélection Michelin qui me pose problème. Quand je lis un bistrot cité au Michelin, d’une table étoilée et avec une carte courte, je vois tous les voyants au vert pour passer un bon moment. Ayant mangé dans des centaines de restaurants multi-étoilés (qu’on retrouve d’ailleurs, pour la partie internationale, sur https://www.passiongastronomie.be/international/), c’est en effet maintenant cette cuisine plus simple et plus centrée sur le produit que je cherche.

Mais qui dit bistrot ne dit pas qu’on puisse faire n’importe quoi. La cuisine de bistrot nécessite, elle-aussi, du savoir-faire technique (cuisson, assaisonnements,…) et des bons produits. C’est pour cela qu’un chef étoilé, qui ouvre un bistrot, c’est du pain béni pour moi et c’est, presque systématiquement, de belles expériences gustatives.

J’espère en tous cas que mon expérience n’est pas représentative de ce qui se passe au Bistrot 1954. Car j’ai du mal à croire qu’un inspecteur jaune ou rouge ou qu’un gastronome / critique ne soit content à l’issu d’un repas comme fût le mien.

En conclusion, je ne peux hélas que déconseiller le Bistrot 1954


Lien vers le site web du Bistrot 1954

https://www.pointe-saint-mathieu.com/bistrot-1954/menu-bistrot-1954/

 

 

 

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