Restaurant La Mère Poulard au Mont-Saint-Michel (France).
On a tous, dans un coin de la tête, ce nom évocateur : La Mère Poulard et sa célèbre auberge du Mont-Saint-Michel. L’auberge a ouvert en 1888 et s’est forgée une solide réputation autour de ses omelettes.
Ses secrets ont d’ailleurs été publiés :
Les murs du restaurant s’apparentent à un Hall Of Fame avec un très grand nombre de personnages connus qui sont venus déguster les plats de La Mère Poulard. Il est vrai que, comme ironiseront les cyniques, la plupart de ces vedettes ne sont plus de ce monde.
La modernisation
Le restaurant La Mère Poulard ne s’est pas vraiment modernisé….et c’est en ce sens qu’il est atypique. L’espace cuisine, au fond, est plus contemporain.
Mais le coeur de la maison, à savoir la cheminée où l’on cuit les omelettes, n’a pas changé.
Et on a gardé le sens du spectacle avec la préparation des oeufs, battus en rythme et sur le devant de la scène.
La fameuse omelette chez La Mère Poulard
On va donc chez La Mère Poulard pour son omelette, dont le jaune et le blanc sont battus séparément et ensuite cuits au feu de bois.
Mais vous n’aurez pas accès à l’omelette comme ça, directement, au travers d’un plat à la carte. Il faut en effet impérativement passer par un des menus. Le premier menu, trois services, est à 49 euros.
Si vous voulez un peu plus que l’omelette et sa salade, à savoir de bons accompagnements comme du saumon fumé ou du lard, il faut opter pour le menu supérieur à 58 euros. La sensation qu’on veut tirer un maximum du client est palpable….et désagréable dès la prise de commande.
Outre cette sensation qu’on en veut principalement à votre portefeuille, l’intérêt gustatif de l’entrée, comme celui du dessert d’ailleurs, n’y est pas. Annoncés faits maison (et je n’ai pas de raison d’en douter), l’assortiment d’entrées tradition La Mère Poulard (terrine maison, toast aux deux saumons, feuilleté au camembert) était bon….simplement commun et bon comme chacun pourrait le cuisiner relativement facilement chez lui.
Comment aimez-vous votre omelette ?
Vous l’aimez comment votre omelette ? Baveuse, bien cuite, sans coloration,… ? Et bien peu importent vos préférences de toute façon : il n’y a qu’une seule cuisson ici : celle imposée par le timing du restaurant. Ne demandez pas, comme moi, une omelette pas trop cuite (idéalement sans coloration). On vous répondra que ce n’est pas possible car le restaurant va être complet (ce qui est vrai).
C’est la première fois que je constate qu’un cuisinier est incapable de satisfaire une cuisson demandée pour des raisons logistiques. J’avais déjà vu, et je respectais, certains chefs qui refusent un mode de cuisson par principe (comme de bien cuire une belle pièce de boeuf, ce qui dénature selon eux le produit). Mais je n’ai encore jamais rencontré un cuisinier qui me dit qu’il ne gére pas une cuisson souhaitée parce qu’il y a trop de monde dans le restaurant.
Oui mais est-elle bonne cette omelette ?
Finalement, outre les prix exorbitants des menus (seule manière de déguster l’omelette) et l’aspect « mange ce qu’on te sert, point final », qu’est-ce qu’elle vaut vraiment cette omelette ? Et bien, et c’est la bonne surprise, elle est littéralement unique !
En fait, La Mère Poulard avait déjà inventé à l’époque le jeu de textures tant à la mode maintenant. Car, à la différence de ce qu’on a l’habitude de déguster, il y a vraiment des variations dans les textures. Le bord est mousseux et fait penser à un sabayon. Le coeur fait songer à des oeufs brouillés. Et le bord, partie la plus cuite, rappelle l’omelette. L’ensemble est léger et onctueux.
Le second point fort de cette omelette, c’est qu’on y ressent l’odeur du feu de bois. Le mode de cuisson dans la cheminée au feu de bois n’est pas que du show : on ressent les notes fumées.
Finalement, cette omelette est unique et très bonne. C’est une expérience intéressante et La Mère Poulard n’a pas volé sa réputation de l’époque.
Accompagnement petits légumes
Accompagnement saumon fumé maison
A part l’omelette
A part l’omelette, il y a plusieurs plats à la carte comme ce dos de cabillaud, beurre blanc, écrasée de pommes de terre à 42 euros. En cadeau, vous avez même droit aux tomates….un beau fruit (puisque la tomate se range dans les fruits en botanique) de saison (on est décembre) au goût insipide (la logique est respectée).
La cuisson du poisson est sans doute restée la même que du temps de La Mère Poulard : bien cuit…et sec. Les chaires nacrées à coeur et l’usage des sondes de température pour régler la cuisson à coeur au degré près sont deux concepts inconnus ici.
La carte des vins chez La Mère Poulard
La carte des vins sera vite résumée : elle est sans intérêt, vraiment sans intérêt et hors de prix (sur ce dernier point, on dira que la maison est cohérente).
Par exemple ce petit muscadet est indiqué à 29 euros à la carte et coûte, prix public TTC, 5 euros. Un bon X6 donc. On se situe dans l’exceptionnellement….cher.
Point de vue diversité, la carte se résume à une vingtaine de références. J’ai rarement vu si petit.
La politique commerciale bien trop agressive
Je n’avais jamais vu sur TripAdvisor un restaurant aussi régulièrement mal noté. En décembre 2019, il y avait 1 075 personnes qui avaient trouvé cela horrible, 604 médiocre, 707 moyen, 766 très bon et 587 excellent.
Beaucoup s’y plaignent des prix et la direction, qui répond à chaque commentaire négatif, a beau jeu de répliquer qu’ils sont affichés à l’entrée. En effet, ils le sont….enfin partiellement pour être exact.
Tout d’abord, le prix du dernier menu, celui de Victor Poulard, n’y est pas. Un oubli peut-être ?
Ensuite, toutes les formules ne sont pas systématiquement et continuellement affichées. En repartant, vers 16h, quelle ne fût pas ma surprise de voir une nouvelle formule affichée sur une pancarte mobile : une omelette de La Mère Poulard + une boisson + une omelette sucrée en dessert à 28 euros. Il y a donc des formules moins « attrape-pigeon » qu’on ressort aux heures creuses. A ce moment là, on a bien tondu ceux qui sont venus sur base de la réputation (avec réservation) et on essaie de remplir les heures creuses en attirant, à prix plus décents, les autres.
Enfin, La Mère Poulard un site web : https://lamerepoulard.com. Pourquoi n’y trouve-t-on ni les tarifs ni les formules ?
Décidément, il y a vraiment ce ressenti fort qu’on vous attire avec le chant des sirènes d’un mythe passé et qu’on essaie de vous tondre comme les agneaux des prés salés des environs. C’est dommage, vraiment dommage, d’avoir une politique commerciale si agressive.
Conclusions
Décrié sur Tripadvisor comme attrape-touristes, c’est finalement la conclusion qui s’impose. Dommage car l’omelette au feu de bois de La Mère Poulard n’en demeure pas moins originale et très bonne.
Localisation
Le Mont-Saint-Michel, Normandie, France
Quelques photos du restaurant La Mère Poulard