Hostellerie De L’Oise, plus souvent appelée Chez Micheline
L’Hostellerie de l’Oise est située à Forge-Philippe, au fond de la botte du Hainaut (et près de la frontière française). C’est là que mes grands-parents habitaient et il n’était pas rare qu’on aille chez Micheline pour boire un verre ou manger.
J’avais donc des souvenirs assez forts de ces moments de bonheur remontant à la tendre enfance notamment autour de ce juke-box, pour lequel je ne cessais de réclamer des pièces de monnaie.
Mais avec le temps, j’avais oublié l’existence même de cette adresse. Et puis, par hasard, j’ai vu cet article qui parlait de l’Hostellerie de l’Oise et de Micheline :
Un article de journal impressionnant
Dans cet article, on lit : « Pour décrire la personnalité de Micheline, on pense à la mère Poulard du Mont St Michel ou la mère Brazier de Lyon. ». Micheline est comparée à des multi-étoilés Michelin qui ont fait l’histoire de la gastronomie française. Le journaliste n’a visiblement pas le sens de la mesure (encore que, il n’y a qu’une lettre de différence entre Michelin et Micheline) et il fait les belles heures du « sujet-verbe-compliment ».
Mais qu’importe finalement : l’envie était née de replonger dans mes souvenirs d’enfance et la cuisine simple, si elle est bien faite, me procure beaucoup de plaisir.
Où est la porte de l’Hostellerie de l’Oise ?
Trente ans plus tard, la mémoire a fait un peu trop de ménage. Le premier challenge était de retrouver exactement où se situait l’entrée restaurant. Car il n’y a plus, à l’Hostellerie de l’Oise, ni panneau, ni carte, ni enseigne. C’est presque comme si Micheline avait déjà disparu.
Heureusement, la bonne porte choisie, la surprise était au rendez-vous. Rien n’avait changé et le décor était resté le même.
Même le juke box, qui ne fonctionne hélas plus, affiche encore les chanteurs à la mode de l’époque.
Les moins bonnes surprises
Par contre la bonne surprise s’arrête là. L’odeur est désagréable (un mélange de fumée de cigarettes et de remontées d’odeurs des canalisations) et la nappe de la table est tachée. Non pas une petite tache mais plutôt une grosse tache que la serveuse n’a pas pu manquer de voir en dressant la table tellement elle est visible. Sans doute n’avait-elle pas envie de changer la nappe du petit-déjeuner. Enfin je parle de serveuse mais, pour la prise de commande, c’est self-service avec un bic et un morceau de papier déposés sur la table.
La carte des vins et l’apéritif
Micheline est connue pour servir des portions énormes. Cela se traduit tout d’abord dans l’assiette. Mais cela se traduit aussi dans le verre, comme sur ce picon-bière. Finalement, c’est bien comme ça. L’Hostellerie de l’Oise n’a jamais été connue pour sa rapidité, mais cela faisait partie du style de la maison et cela alimentait les discussions à table. Sur ce plan, rien n’a changé et on est donc plus que ravi d’avoir un double apéritif pour patienter. Micheline reste Micheline.
La carte des vins tient sur une page. Pas d’indication du millésime, pas de nom de vigneron,….et plein de fautes. J’avoue avoir hésité à prendre un Bourgogne à 75 euros. Je me disais que, stratégiquement parlant, aucun client de l’Hostellerie de l’Oise ne devait mettre un prix pareil sur une bouteille et que je pourrais avoir une fameuse belle surprise avec un millésime très ancien.
Mais, pris d’un doute, j’ai opté pour le Chateauneuf-du-pape et bien m’en a pris. Non pas que le vin fût bon, que du contraire, mais la jeunesse du millésime (2017) m’a bien fait comprendre qu’il n’y a surement pas une seule vieille bouteille à l’Hostellerie de l’Oise.
Le repas de l’Hostellerie de l’Oise
Il fût un temps où Micheline était plébiscitée. En témoigne ce texte assez ancien de la jurade princière de Chimay que Michelin arbore fièrement au mur.
Mais ce temps est clairement révolu. Ce n’est pas que la cuisine de Micheline soit d’un autre temps, vraiment pas. Car on peut avoir une cuisine très classique, très simple et très bonne. Mais encore faut-il que cela soit de la cuisine maison et de bons produits.
En optant pour une de ses spécialités, à savoir le steak, je visais la sécurité. La portion est gigantesque. Cela fait aussi partie de la renommée de l’Hostellerie de l’Oise et la générosité de Micheline se vérifie à nouveau.
Mais pour le reste, c’est la catastrophe: viande pas bien cuite (demandé saignante et servie bleue), pas bien saisie, pas chaude à cœur, pas bien assaisonnée et sans goût. On dirait un Blanc-Bleu-Belge boosté aux hormones. Les frites, servies en accompagnement, sont super grasses. Une autre personne avait choisi la sauce poivre-vert. Une catastrophe aussi.
Sur la côte de porc Blackwell, on est également en présence de produits industriels. Idem d’ailleurs sur les boulettes sauce tomates des enfants dont la sauce, non maison c’est sûr, était particulièrement chimique et inintéressante.
Conclusions
Le nom est l’Hostellerie de l’Oise mais tout le monde dit Chez Micheline. Micheline y officie depuis tellement longtemps ! Mais on se demande bien par quel miracle. C’est en tous cas un de mes pires repas et je regrette un peu d’avoir détruit les bons souvenirs que j’y avais eu étant enfant.
Mais, et cela reste un mystère, le restaurant était complet ! Beaucoup de Français ont franchi la frontière. Les prix sont vraiment très très bas et les portions gargantuesques. Cela explique sans doute le succès de l’adresse : pour 20 euros, vous mangez pour deux jours.
D’ailleurs Micheline a ses fervents défenseurs, notamment Xavier Deflorenne qui écrivait ceci :
« Autant que je trouve chacun de vos retours juste, autant je trouve celui là dégueulasse et méchant ! C’est le genre d’endroit où vous où un Gault où Michelin n’a pas besoin de vous ! Je m’explique….. Chez Micheline on y va pour elle, pour le plaisir de se retrouver à 30 autour d’un repas d’anniversaire ou un 50 ans de mariage où tu passes un bon moment en famille ou amis, où tu passes entre chasseurs manger une grosse omelette avec une chimay ou un canon de rouge ! Bref j’ai beau lire avec régal chacun de vos billets, je trouve que celui là est gratuit de méchanceté sans avoir réfléchi au pourquoi des gens vont là bas ! Il est encore temps de supprimer ce qui pour moi reste une grosse tache sur votre page et on la voit bien aussi. »
Je ne suis pas convaincu, loin de là, mais si Micheline et ses clients s’y retrouvent, tant mieux pour eux et longue vie à Micheline !
Maxime
On dirait un Blanc-Bleu-Belge boosté aux hormones… Tellement meilleur la viande importée et réfrigérée, avec du bétail élevé dans des conditions dantesques !
PassionGastronomie
Bonjour.
Je répondrais que les deux sont à mettre dans le même panier. Avez-vous déjà mangé chez Carcasse ? Ou à la Table du Boucher ? Avez-vous acheté ou gouté de la viande en provenance de Rungis ? Connaissez-vous la maturation, une technique très ancienne qui est revenue en force et qui donne toute sa saveur à la viande ? Si pas, je vous conseille fortement de tenter ces expériences : vous comprendrez les sensations procurées par une viande de qualité et vous ne saurez plus rien manger d’autre. Ce n’est pas tant une question de snobisme ou de prix mais plutôt une question de qualité.
Enfin, il ne faut pas non plus confondre circuit-court et qualité. Ce n’est pas parce qu’on achèterait (je parle au conditionnel ce qui signifie que je ne me réfère pas ici au restaurant dont parle l’article mais que je parle en général) chez son voisin que son voisin aurait produit quelque chose qui vaille la peine. Le meilleur exemple d’un circuit-court consisterait à manger ses déjections…..je ne connais personne qui s’y soit risqué 🙂
Sébastien Huart
Bonjour,
J’ai un peu les mêmes souvenirs que vous avec en prime une caravane dans le camp juste à coté qui était tenu par les parents de Micheline. J’ai eu l’occasion d’écumer quelques tables dans les environs ( Candulac, L’hostellerie du Gahy , le Froissart et surement bien d’autres que j’ai oublié, je crois bien que nos souvenirs d’enfance se retrouve confronté à une autre réalité aujourd’hui.
Je vais éviter l’expérience du coup.
Merci pour vos conseils.
Sébastien
PassionGastronomie
Bonjour. Candulac, L’hostellerir du Gahy,….des adresses de mon enfance (qui ont, hélas, disparues). Heureusement que d’autres ont pris la suite (La Malterie, Contre Façon,…..) 😉