Restaurant Yi Chan par Yen Pham à Bruxelles.
Le restaurant Yi Chan (qui signifie héritage en mandarin) à Bruxelles est, en quelque sorte, l’héritage des parents de Yen Pham. Connu anciennement sous le nom de Bambou Fleur à Bruxelles, ce restaurant fût le premier restaurant asiatique de la rue. C’est amusant car, maintenant, la rue n’est plus composée que de cela au point que certains surnomment ce quartier « Le petit Chinatown ».
Il fallait donc se distinguer. Et surtout, il était intéressant de relever le niveau. C’est ce que Yen Pham a eu envie de faire, prenant le risque de changer drastiquement le restaurant, son nom y compris et faisant passer la cuisine en version 2.0
En général, les restaurants fusion ou les restaurants qui mélangent plusieurs styles me rebutent. Je trouve qu’il est déjà tellement compliqué de bien exécuter un style culinaire. Alors s’essayer à deux simultanément me semble risqué et, de fait, c’est rarement réussi. Mais, comme toujours, il y a l’exception qui confirme la règle et Yi Chan prouve qu’on peut faire à la fois de bons plats chinois et vietnamiens. Mais cela ne s’improvise pas. Si Yi Chan, y parvient c’est grâce à deux atouts dont il dispose :
– l’histoire de ses parents : de nationalité chinoise, ils ont immigré au Vietnam avant d’arriver en Belgique. Les deux cultures sont donc intrinsèques.
– l’envie et la motivation de leur fils, Yen Pham, de moderniser la cuisine et de faire du qualitatif
La cuisine de Yi Chan
La carte est simple (et sans les sempiternels numéros qui précèdent les plats).
Il y a tout d’abord les Dim Sum, véritable pierre angulaire du restaurant. Bien souvent Dim Sum rime avec chose gluante surgelée (ou sous-vide) préparée dans des conditions qu’on ne préfère pas savoir.
Yi Chan a pris le pari de réaliser des dim sum maisons et frais. Il vise clairement la qualité et respecte le produit. Il exclut, par conséquent, le recours au glutamate, un exhausteur de goût souvent utilisé.
Intelligent et bien conscient que tout le monde ne connait pas les subtilités de la cuisine chinoise, il explique même comment savourer au mieux les délicieux Long Bao (par trois petits dessins au milieu de la carte – voir photo ci-dessus). Pour les déguster au mieux, il faut donc placer le dim sum dans une cuillère, le percer avec une baguette et boire le jus avant de manger le tout.
Ce bouillon à l’intérieur, un concentré de goût, est le signe indéniable d’un produit bien fait.
L’autre dimension, vietnamienne cette fois, est principalement centrée sur le Phô, un incontournable de la cuisine vietnamienne.
Quand on regarde autour de soi, on constate que la clientèle du restaurant Yi Chan est majoritairement asiatique. C’est un gage de qualité. Et quand on sort du restaurant, complet même à midi, on constate que le restaurant juste à côté est quasiment vide. Bien sûr un taux de remplissage élevé ne signifie pas forcément un niveau qualitatif élevé. Mais c’est déjà le signe que le restaurant a trouvé son public et, dans le cas de figure, la qualité est en plus au rendez-vous.
Les Dim Sum au Yi Chan
Puisque Yi Chan est le roi des Dim Sum, je recommande d’en essayer un maximum.
Depuis ma dernière visite, le restaurant propose un plat de Dim Sum Mix : 2 Xiao long bao porc, 2 six mai, 2 har gow, 2 raviolis poulet (16 euros). C’est une belle façon de déguster un assortiment varié.
Mais les meilleurs Dim Sum, à mon sens demeurent les Cheung Fan.
Tout d’abord les délicieux Dja Leung : des rouleaux de riz avec beignets frits, sauce soja sucrée (6€). Ce sont probablement les meilleurs, et ils furent les préférés de la table, car l’aspect frit à l’intérieur apporte ce supplément de texture si agréable.
Pour continue l’exploration de la série, des Cheung Fan:
- Har Cheung : rouleaux de riz, farce scampi, sauce soja sucrée (8€)
- Char Siu Cheung : rouleaux de riz, farce porc laqué, sauce soja sucrée (7€)
Ma préférence se situe au niveau des Har Cheung car je trouve que la cuisson de la farce scampi est bien maîtrisée et que l’équilibre fonctionne bien.
Intéressant, pas cher, rien à redire. C’est sûr qu’avec des langoustines, le plat serait meilleur mais le prix ne serait pas le même non plus. Peut-être que si Yi Chan voulait encore monter d’un cran et se distinguer encore plus nettement des autres, il pourrait essayer une telle version. Il travaille bien du boeuf maturé et parfois des truffes et du foie gras alors pourquoi pas ?
Les plats au Yi Chan
On ne peut parler de cuisine vietnamienne sans parler du Pho, cette soupe qui est le plat national vietnamien.
Au restaurant Yi Chan, deux versions sont proposées : une version au boeuf non maturé (11€) et un « Pho Aged Beef » à base de boeuf maturé (médium – 16€). Le prix varie fortement d’une version à l’autre…la qualité des produits aussi. Mais, en proposant les deux, chacun fait son choix.
Le bouillon est servi à part afin que chacun choisisse sa cuisson de la viande. L’idéal étant mi-cuit, voir presque cru.
En accompagnement du Pho: des herbes, du soja et des sauces.
Ce Pho est servi peu assaisonné. Et c’est très bien comme ça. Je sais à quel point les vietnamiens peuvent manger épicé et il est préférable, pour nos palais européens moins habitués, de pouvoir choisir la quantité de piquant.
Un autre beau plat de Yi Chan, c’est ce Mi Xui Cao : un bouillon chinois avec raviolis aux scampis. C’est, d’après le patron Yen Pham, un plat traditionnel de Honk-Kong (médium 11€).
Yi Chan propose aussi d’autres plats comme le Com Vit : canard laqué, riz, sauce soja. Compte tenu des deux autres plats ci-desuss et par rapport à la version pékinoise ci-dessous, je ne le conseillerais pas pour la simple et bonne raison, qu’il y a mieux.
Enfin, un autre grand classique dont on ne se lasse pas : le Vit Pekin : canard pékinois, crêpes, poireaux, concombre, sauce hoisin
Ce qu’on boit chez Yi Chan : des cocktails
Le restaurant Yi Chan est aussi à bar à cocktails. Non pas un bar qui propose deux cocktails tout fait ou mal fait. Non Yen Pham, véritable barman, est là. Il suffit de lui demander ce qu’on veut et c’est parti pour un spectacle où défilent les rhums bruns japonais, rhum Havana Club, alcools blancs, Fizz, whisky,…
A condition, toutefois, d’aller manger le soir. Car, lors de mon repas ce midi, impossible d’avoir un cocktail. C’est noté sur la carte et donc à chacun de se renseigner. Mais je devine que, lorsque le patron Yen Pham est là le midi, il se fera un plaisir de les préparer. Cette fois sa passion le retenait autre part puisqu’il préparait la finale du concours de cocktails BELGIUM LUXEMBOURG WORLDCLASS DIAGEO 2018 ce samedi. J’espère qu’il gagnera ! (note post-publication : Yen Pham a terminé second ! Bravo !)
Voici donc les cocktails dégustés lors de ma visite précédente (en 2016) et mes impressions de l’époque. Je ne doute pas que, le travail et les concours aidant, la qualité a encore fait un bon en avant :
« D’un seul coup, je me suis retrouvé projeté dans l’univers des grands bars d’hôtels où des barmans professionnels confectionnent des petits chefs d’oeuvres.
Le barman prend le temps, ce qui est bon signe. Quand le cocktail arrive en une minute, c’est toujours un mauvais signal. Chez Yi Chan, on laisse infuser les plantes, on bat les blancs d’oeuf pour créer la mousse et on joue avec le shaker. On s’investit à fond et la subtilité des grands cocktails est atteinte. C’est remarquable !
Deux beaux cocktails en ressortent :
En bas, un rhum saveur (rhum, sucre de canne, citron vert, jus de yuzu).
En haut, un jasmin fizz, très floral à base de gin fizz, de sucre de canne et de combava. La fleur de jasmin est comestible.
Et, parce que c’est délicieux et addictif, un petit troisième pour la route : un cocktail à base d’un mélange de whiskies avec de magnifiques arômes tourbés.
La carte des vins du Yi Chan : il y a mieux
La carte des vins, il n’y en a pas pour ainsi dire : juste quelques bouteilles dans un coin d’une page. Mais ce n’est pas grave : du bon vin, cela se trouve facilement. Par contre des bons cocktails, c’est plus rare.
Conclusion
La conclusion est simple. Pour une addition vraiment basse, on se fait plaisir et on se réconcilie avec la cuisine asiatique.
Pour ceux qui trouvent que c’est encore trop cher, il y a encore le lunch à 11€. Et quand j’ai vu les assiettes passer, je peux vous assurer qu’il y a de la quantité.
Le goût est là, c’est fait maison et bien fait. Les cocktails sont délicieux. Allez donc au restaurant Yi Chan, cela vous réconciliera avec la cuisine asiatique !
Lien vers le site du restaurant Yi Chan
Localisation de Yi Chan
Quelques photos au Yi Chan
D’autres repas chez Yi Chan
25/08/2016 : https://www.passiongastronomie.be/2016/08/restaurant-yichan-bruxelles-yenpham/