Restaurant Wine In The City par Eddy Münster à Jette.
Tout d’abord un fan de vin comme moi ne pourra que féliciter, au plus haut point, la politique tarifaire des vins chez Wine In The City : on y paie en effet les vins au restaurant 15 euros en plus que ce qu’on paie pour les acheter dans la partie magasin. J’applaudis à deux mains ! Rien que cette politique tarifaire est, en soi, une raison suffisante pour de se rendre régulièrement à cette adresse.
C’est vrai que les puristes pourraient ergoter : pour un caviste, ils se désoleraient de ne pas retrouver de grandes références françaises comme Dagueneau, Rougeard, Coche-Dury, Dauvissat, Rayas, Clos des Lambrays, Jamet, Chave, Clape, Grande des Pères, Trevallon, Tempier,…et ils pourraient se désoler de trouver autant de Bordeaux : une page et demie sur les sept pages de la carte des vins.
D’ailleurs une carte des vins de sept pages, c’est peut-etre un peu court en terme de références pour un caviste et pour un restaurant étoilé. Mais l’effort est là et bien là et il y a quand même de belles pioches à prix hyper super mega sympas.
La cuisine ouverte
La moitié de la surface de Wine In The City est consacrée au magasin. Du coup le chef et sa brigade (deux autres cuisiniers) se retrouvent au milieu de la salle. Une cuisine ouverte, ce n’est pas anodin. C’est non seulement un rapprochement avec les clients mais c’est surtout le signe qu’il n’y a rien à cacher avec les produits et les cuissons.
Et il y aurait même, si les tables étaient dressées, la possibilité de manger au bar juste derrière les fourneaux. C’est, en général, quelque chose que j’aime faire car cela permet plus d’interaction avec les chefs. Je le fais systématiquement chez Bon-Bon par exemple et je demanderai à le faire à Wine In The City la prochaine fois (si c’est possible évidemment).
L’étoile Michelin au guide 2017
La cuisine de Wine In The City est une belle cuisine. A ce niveau de prix, c’est remarquable de trouver une telle qualité.
Michelin a fait le choix de leur décerner une première étoile dans le guide 2017. Du coup, les attentes sont autres. Quand des clients (et moi en premier) mangent dans des étoilés, ils espèrent plus. Ils attendent avant tout une expérience avec des plats hors normes ou exceptionnels. Ils aiment tout un décorum autour de l’assiette (pour les plus exigeants, dont je ne fais pas partie, ils attendent des nappes). Et ils aiment aussi un certain service comme celui de pouvoir manger à la carte et non via les menus (ce qui est impossible à Wine In The City). Enfin personne ne cracherait sur le passage du chef en salle après le repas.
Chez Wine In The City, ces attentes spécifiques à l’élite de la gastronomie ne se retrouvent pas.
Peut-être que Michelin a voulu faire le buzz ? Il a peut-être voulu rappeler qu’il ne subit pas la tendance mais qu’il la dicte et il aurait, donc sorti de son chapeau une adresse inattendue comme il le fait chaque année depuis trois ans au moins ?
Ou bien Michelin a changé ses critères. En ce cas, je me réjouis et je vous prédis une pluie d’étoiles l’an prochain à commencer par Le Gril aux herbes d’Evan (il en aurait même deux en une fois), Cécila (de Mélanie Englebin), Maxime Colin, Bouchery, Le Comptoir des Galeries (avec Ben Lagarde), Le Colonel (avec Benjamin Laborie)…. Mais ne rêvons pas non plus : cela semble trop beau pour être vrai.
Finalement le 14/20 décerné par Gault & Millau, une belle note soit dit en passant, est plus en phase avec mon ressenti. Tout comme l’était le Bib Gourmand que Wine In The City avait avant l’étoile.
Le sommelier de Wine In The City
Le sommelier est excellent. Vraiment un bon. J’aime bien les tester un peu en les sortant de leur zone de confort. Je ne commande donc jamais leur forfait vin qu’ils connaissent sur le bout des doigts. Je demande conseil, je commande et je parle cépage, région, millésime.
Qui sait qu’on peut mettre du viognier (cépage blanc) dans les Côtes-Rôties (vin rouge) ? Peu de personne à priori mais pas mal de sommeliers j’espère. Par contre qui sait, sans consulter ses notes, qu’il y a 3% de viognier dans la cuvée Le Gallet Blanc 2013 de Villard ? Le sommelier de Wine In The City a cité le chiffre de mémoire. Je n’ai pas vérifié (je le laisse le soin à mes lecteurs les plus passionnés de le faire) mais l’ordre de grandeur me semble à priori dans les normes.
Le style culinaire chez Wine In The City
Avant même d’aborder le style culinaire chez Wine In The City, on peut déjà parler des prix : 37 euros pour le menu trois services (deux entrées et un plat), c’est vraiment un superbe rapport qualité-prix (en plus il n’y a pas de de dessert dans ce menu et une entrée est plus couteûse en terme de produits). Certes le prix était encore plus bas en 2014 (25 euros le trois services) mais je doute qu’on y aurait trouvé les mêmes produits. En gastronomie, il n’y a pas de miracles non plus et de la truffe à tous les plats, cela se paie.
La cuisine de Wine In The City est bonne et bien faite. Les deux entrées, les Saint-Jacques et l’oeuf, étaient particulièrement réussies et en adéquation avec l’image que j’avais de Wine In The City : une cuisine simple, de beaux produits (par forcément tous luxueux et par forcément non plus des produits hors norme comme peuvent l’être certaines grosses Saint-Jacques dans les grands restaurants), des textures et de la gourmandise. Les cuissons sont impeccables et le goût est au rendez-vous (notamment la truffe et un bon jus). La simplicité des classiques marque des points.
Le plat principal m’a semblé par contre moins en phase avec cette ligne directrice : plus travaillé, plus de textures (n’apportant pas vraiment de plus-value gustative) et un rien sous-assaisonné. On avait l’impression d’un plat où on cherche à épater plus qu’un plat qui veut régaler. Si j’osais l’analogie, un plat un peu body-buildé par rapport aux précédents alors que ce n’était pas nécessaire. Par exemple : la mousse qui avait une structure fort chimique et une résistance trop longue pour être naturelle.
En conclusion
Wine In The City est un caviste avec une excellente cuisine et un superbe rapport qualité-prix, surtout pour les amateurs de vins. Je ne la considèrerais pas comme un restaurant étoilé (je pense que peu de gastronomes éclairés placeraient cette adresse dans leur top 19 de Bruxelles or c’est la place qu’ils occupent puisqu’il n’y a que 19 restaurants étoilés à Bruxelles).
Songez donc à une adresse conviviale, à une bonne cuisine, à un endroit où vous ne ferez pas exploser l’addition avec les vins. Ce faisant, vous ne pourrez être que ravi par l’expérience Wine In The City et la cuisine d’Eddy Münster.
Finalement c’est cela qui compte : juger une adresse par rapport à ce qu’elle ambitionne et par rapport à ce que le chef a voulu en faire. Wine In The City a tout pour plaire et m’a plu.
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LOCALISATION
MENU
Mises en bouche :
– croquette de crevettes
– tartare de boeuf fumé et olives séchées concassées
Saint-Jacques bretonnes poêlées, chiconette, truffe, réduction de jus de veau.
L’oeuf coque sans coque « Bio », Truffe blanche, jus lacté.
Volaille « Label rouge » farcie, champignons d’Asie, déclinaison de choux, pomme amandine à la truffe, jus de veau truffé.
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