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29/03/2017 : https://www.passiongastronomie.be/2017/03/restaurant-humphrey-bruxelles-pias/
Humphrey, restaurant à Bruxelles
Humphrey restaurant…je me demande bien d’où vient le nom. Et comme j’ai oublié de le demander sur place, il faudra que j’y retourne et que je pose la question au chef Yannick Van Aeken.
Le chef n’est pas n’importe qui. Peut-être n’est-il pas fort connu en Belgique mais on retiendra qu’il a travaillé au Noma, restaurant danois classé longtemps premier du World’s 50 Best Restaurants (classement qu’il convient de prendre avec des pincettes vu l’obscurité dans l’établissement de sa hiérarchie) et deux étoiles Michelin. Une référence du genre pour les aficionados.
Mais ce restaurant, il faut le trouver ! Bien que la blogosphère en parle depuis longtemps (bien avant son ouverture d’ailleurs), son site web ne sort pas dans les premiers sur Google. Et même une fois trouvé et l’adresse bien notée, il faut être attentif car il n’y a ni enseigne ni menu ni même nom sur la devanture. On hésite, on regarde, on entre et puis on se dit que ça doit être là-bas où on aperçoit des assiettes et une cuisine ouverte (ce que j’adore car pas de triche possible).
Humphrey, n’est pas un restaurant traditionnel. C’est plus un concept, concept qui me fait d’ailleurs un peu penser aux bols de San. En moins cher cependant. Un décor sobre, à la nordiste avec une table en bois brut de décoffrage , un service cool et des bières locales à la carte. Un concept assez moderne mais un concept avec du fond. On est à l’opposé du concept bling-bling ou du concept « je surfe sur la tendance actuelle selon l’air du temps».
Le principe d’Humphrey: toute une série de plats qu’on commande dès l’apéritif (pas d’ amuses-bouches donc mais le prix des apéritifs en est moindre). On vous conseille de commander cinq ou huit plats à partager à deux. Je vous rassure : on ne pioche pas ensemble dans la même assiette : le plat arrive à table et chacun se sert dans sa propre assiette. Cela ressemble aux tapas, où on se fait plaisir en parcourant la carte. Avec des prix entre 6,5€ et 15 le plat (à partager en deux), on ne se ruine pas, même en parcourant la moitié de la carte.
Avoir une carte en anglais, c’est un plus indéniable dans une ville cosmopolite comme Bruxelles. Mais un plus doit rester un plus. Il ne faut pas non plus oublier que la langue de plus de 90% des bruxellois est le français et que beaucoup de néerlandophones viennent travailler à Bruxelles. Une carte en français/néerlandais serait donc la bienvenue chez Humphrey.
Dans la carte, il y en a pour tous les goûts: des classiques Humphrey, des plats végétariens, des plats inspirés par l’umami (5ème saveur en provenance du Japon) et des plats de la vieille école genre « cervelle et testicules de taureau ».
Tout au long du repas, on sent une trame constante qui fait la part belle à un produit cuisiné dans sa plus simple et sa plus pure expression. Il n’y a pas de dressages complexes, pas d’associations audacieuses, pas de complexité farfelue ou inutile. Non : on reste sur l’essentiel mis en valeur.
Même si tous restent bons et une agréable découverte, il y a toutefois quelques différences de niveau : certains plats semblent largement supérieurs à d’autres. L’ordre de service peut également jouer. Après un « Fish Cake » bien salé et très bien mis en valeur par la sauce Nuoc-mâm, l’avocat qui s’en est suivi nous a semblé un peu plus fade. Un peu de citron vert pour l’acidité et/ou quelques grains de sel auraient cassé le goût un peu monolithique et lassant sur la durée et ce malgré un joli goût de fumé. Ca serait d’ailleurs un conseil que je donnerais : du sel et du poivre déposé à table permettrait aux clients de rectifier les assaisonnements selon leurs goûts.
Je mangeais pour la première fois avec un chroniqueur gastronomique qui passe régulièrement à la TV et radio. C’est toujours très agréable de manger avec des références du genre afin de comparer ses impressions. Sur les plats de viande, il y a eu débat.
La tête de porc a fait l’unanimité. Une longue cuisson, une peau croustillante et une viande intérieure bien grasse, très longuement cuite et qui se détache toute seule. Ca fond dans la bouche et on fond de plaisir. Le ragout de queue de bœuf a été plus discuté. Je l’ai personnellement bien apprécié car certains arômes asiatiques (feuille de kaffir ?) donnaient une saveur particulière que je rencontre peu. Mon compagnon de repas, lui, restait un peu sur sa faim car il la rencontre plus souvent.
Rester sur sa faim…c’est bien sûr au sens figuré. Parce que les quantités sont vraiment bien pensées et il serait difficile de sortir de là en ayant faim. On en laisse même d’ailleurs souvent un peu dans le plat pour garder de la place, par gourmandise, pour ce qui suit.
Pour terminer le repas, deux desserts. Tout d’abord un dessert à prix riquiqui : coco et glace kalamansi à 6,5 euros (prix pour deux). Ca, c’est la bonne pioche : une glace turbinée à la dernière minute et un kalamansi finement dosé : très très bon de par son équilibre parfait.
Le second dessert, « la truffe » est une sphère en chocolat (en provenance du chocolatier Patrick Aubrion) que le serveur vient briser à table et qui s’ouvre sur cinq petites boules de chocolat aux saveurs différentes. C’est un dessert qui fait un peu le « show » et qui fait peut-être plus mignardises (comme le disait mon compagnon de repas) que dessert. Mais cela reste très bon, très gourmand et parfaitement exécuté autour d’un chocolat de qualité.
Ceux qui me suivent savent que j’attache une importance particulière à la carte des vins. Et bien pour une fois, je me déclare incompétent à émettre un avis sur celle de Humphrey. La carte est courte (ce qu’on ne peut pas reprocher à un restaurant qui vient d’ouvrir) et voyage dans le monde entier avec des choix originaux. C’est même rare de voir à ce point la France sous-représentée. C’est international, c’est cosmopolite, ca sort des sentiers battus, c’est cohérent et c’est dépaysant. Chose que j’ai beaucoup aimée aussi : plusieurs bières locales à prix sympas sont proposées ainsi qu’environ douze vins au verre (de 7 euros à 12 euros), ce qui est une réelle performance !
Un petit mot pour terminer sur le service : un bon service efficace et professionnel.
En conclusion, Humphrey est un beau concept qui mérite qu’on le découvre et qu’on y retourne. Ce qui est envoyé peut sembler parfois un peu simple mais c’est bien exécuté et à un prix plutôt intéressant. Je ne mets jamais de note aux restaurants que je visite. Ici je ne le ferai pas non plus. Mais j’ai vu que Be-Gusto, un blog que je respecte énormément, l’avait noté 14/20. C’est une note dans laquelle je me retrouve. Il faut aussi se souvenir que le restaurant est ouvert depuis début mars : il y aura encore quelques réglages qui viendront et qui amélioreront sûrement le niveau global de l’expérience en uniformisant sans doute la qualité des différents plats.
Encore une belle adresse qui enrichit la variété de la gastronomie bruxelloise. Et avec un prix bien pensé et un concept cohérent, cela risque de bien fonctionner. Bien joué Humphrey !
LIEN
http://www.humphreyrestaurant.com
MENU
Gâteau de poisson (Fish Cake) – 9 €
Avocat et oignons (Advocado Spring Onions) – 8,5 €
Tartare de bœuf à la Piémontaise (Beef Tartaar Piemontese) – 15 €
Tête de porc Kawali – (Porc Head Kawali) – 15 €
Ragout de queue de bœuf – (Oxtail Stew Kare Kare) – 14 €
Oignons farcis – (Suffed Onion) – 8,5 €
Noix de coco et glace au Kalamansi (Coconut & Kalamansi Ice Cream) – 6,5
Humprey Special – « La Truffe » – 10 €
PHOTOS
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