Le restaurant Ugo à Haine-Saint-Pierre est incontestablement la référence de la cuisine italienne dans la région de La Louvière. C’est vrai qu’avec un 16/20 au Gault & Millau, il faut déjà rouler pas mal de temps pour trouver une cuisine d’inspiration italienne à ce niveau.
Le cadre est cosy. C’est un style qui me plait : soigné, moderne et des couleurs un peu froides très tendance. C’est clair que ce n’est pas ici qu’on mangera de la pizza et des lasagnes (encore que je suis sûr qu’il en ferait de merveilleuses si l’envie lui prenait). Qu’on ne s’y trompe pas : les couleurs sombres du décor tranchent radicalement avec la chaleur des tenanciers. Qu’il s’agisse du sourire et de la gentillesse de Jessica ou de la générosité et la simplicité du chef Ugo, on se sent bien dès la porte d’entrée franchie.
Une fois assis, direction la carte des vins. Mon dieu que ça commence bien ! Le livre de cave recèle de nombreuses références connues et appréciées des oenophiles. Une belle sélection qui repos sur quelques bons revendeurs (on reconnaîtra entre autre Les Vents D’Anges et la boutique Harmonie de Bernard Doisy).
Ce qui me plait dans cette carte, c’est qu’elle contient des bouteilles à tous les prix (une première bouteille de chez Cheze à 22 euros et, à l’autre extrémité, du Sassicaia à 270 euros), de plusieurs pays (avec une prédominance logique de l’Italie et de la France) et de plusieurs contenants (demi-bouteilles, bouteilles de 75cl et magnums).
Notre table s’est tout d’abord délectée avec un magnifique Champagne Egly-Ouriet Grand Cru VP et puis d’un Saumur Brézé blanc 2009 de chez Guiberteau. S’en sont bien sûr suivi quelques beaux flacons de vins italiens !
Point de vue prix, on reste dans le très raisonnable avec un coefficient multiplicateur en dessous de 3.
Finalement rien de tout cela ne m’étonne puisque aussi bien le chef Ugo que son épouse Jessica ont suivi des cours du soir dans le domaine du vin et cette passion, qui les a attrapé, s’est traduite dans leur carte.
En ce qui concerne les assiettes, la table avait opté pour un menu spécial (sur mesure) de 11 services (le prix du menu ayant bien sûr été adapté). Sachant que son plus grand menu est de 7 services, le chef a donc du nous préparer quelques plats supplementaires. Cela explique sans doute que certains ingrédients (comme les noisettes ou le gorgonzola) se sont retrouvés plusieurs fois dans les assiettes. J’en parle cependant à titre anecdotique car ce n’est pas lors du repas que je l’ai remarqué mais plus tard, suite à un message privé d’un lecteur avisé.
Parmi les nombreuses assiettes, un coup de coeur s’est manifesté pour le tartare de boeuf, crème de betterave au gorgonzola. Ce plat était magnifique car il reposait sur un équilibre subtil qu’on n’attendait pas du tout au vu de l’intitulé. Je n’arrive d’ailleurs toujours pas à comprendre comment les saveurs se mélangeaient si harmonieusement ni comment il y avait autant de fraîcheur dans l’assiette. Du point de vue de l’élément principal, on a aussi été impressionné par une magnifique viande coupée minutieusement au couteau (que je devine hyper aiguisé vu la netteté de la coupe) et en suivant attentivement le sens des fibres de la viande
Une autre plat qui a scotché la table, c’est l’aile de raie et beurre noisette. Les ailes de raies sont impressionnantes (elles pèsent 3kg) et sont cuites à basse température à 56 degrés avant d’être terminées rôties au beurre et repliées en deux. Une magnifique cuisson pour une texture bien ferme. Un produit qu’on a redécouvert grâce à Ugo et qu’on va se remettre à apprécier !
Avec son défilé de plat, Ugo propose une véritable promenade gourmande. Il peut passer d’un plat d’une grande finesse comme en a le secret Giovanni Bruno du Senza Nome à un plat de pâtes classique et puissant en goût à la manière des frères Spinelli du San Daniele. Ou bien il peut laisser aller sa créativité et partir s’aventurer avec le fameux Kimchi coréen associé à du faisan. Qu’elle que soit la voie suivie, on s’étonne ou on se régale. Le seul petit reproche que je pourrais faire, c’est sur le respect des saisons qui n’est pas garanti à 100% (par exemple les fleurs de courgettes).
Si j’ose la comparaison avec les deux restaurants étoilés Michelin précités, ce n’est pas par hasard. La qualité est similaire. Toutefois la comparaison ne s’étend pas à tous les domaines car, lors de l’addition, la différence se marque : Chez Ugo, on paie deux fois moins cher : Lunch à 26 euros, menu 4 services à 50 euros et 7 services à 70 euros. Par comparaison, le Senza Nome propose son lunch à 45 euros et son 6 services à 130 euros. San Daniele propose quand à lui son 5 services à 110 euros.
Manger dans un restaurant italien haut de gamme, ca se paie cher….sauf chez Ugo !
Si vous aimez la cuisine italienne et que vous ne connaissez pas le restaurant Ugo, ne pas y aller manquerait à votre culture.
Si vous le connaissiez mais n’aviez pas été convaincu lors de votre visite précédente, c’est le moment de retenter votre chance suite au virage qu’ils ont pris en cuisine. Ugo 2.0 est né avec une cuisine plus simple, plus savoureuse et toujours aussi peu chère. Le service de Jessica continue à se montrer chaleureux et la carte des vins atractive.
Voici une adresse que j’avais injustement un peu délaissée. L’expérience est une lanterne qui éclaire les erreurs du passé. C’est sûr que je n’attendrai plus deux ans avant d’aller redéguster cette cuisine chaleureuse, à l’image de son couple de créateur. On a passé un excellent moment et on ne peut que recommander chaudement l’établissement, sans la moindre réserve.
MENU
Mise en bouche : Stracciatella, bouillon de volaille, parmesan
Entrée : Tartare de boeuf, crème de betterave au gorgonzola, sucrine, truffes fraîches
Entrée : Vitello Tonnato, tartare de tomates au yuzu, poussière de câpres
Entrée : Saint-Jacques, jus d’étrilles, chou-fleur, olive
Entrée : Fleur de courgette farcie aux crevettes, crème de marcarpone au basilic, coulis de persil
Entrée : Fricassée d’artichauts, moëlle de boeuf, crème de parmesan
Entrée : Aile de raie, polenta, beurre noisette, salade de pissenlits
Entrée : Spaghetti au beurre et à la poutargue
Plat : Faisan, panais, noisette et kimchi
Plat : Filet de marcassin, déclinaison de choux rouge et kale, purée de châtaignes
Dessert : Poire, gorgonzola et sirop de sapin
Dessert : Mousse glacée, amaretto, crème de sabayon
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